
Annie l’orpheline – Réécriture
Annie, l’orpheline. Pourquoi ne pas me surnommer Annie, la blondinette ou encore Annie, la bègue ? Pourquoi ne pas se moquer d’un trait de ma personnalité ou d’une de mes tares génétiques ? Non, il avait fallu qu’ils m’appellent Annie, l’orpheline. Comme s’ils prenaient un malin plaisir à vouloir me rappeler, chaque seconde de mon existence, cette douleur insoutenable.
Annie, l’orpheline… un surnom qui m’avait torturé toute mon enfance. Qui m’avait suivi jusqu’à mes 15 ans. Les enfants étaient extrêmement cruels. Dans cette cour de récré déprimante où seule la loi du plus fort s’appliquait, ils ne m’accordaient aucun répit. Ils s’amusaient et riaient à mes dépens, sans une once d’empathie.
Annie, l’orpheline… un surnom qui me ramenait inlassablement à cet après-midi épouvantable. Cette fin de journée, après une magnifique balade au parc avec ma nourrice. J’avais couru jusqu’au bureau de mon père, la tête pleine d’histoires fabuleuses à raconter. Mais lorsque j’avais ouvert la porte, tout mon monde s’était écroulé. Je n’avais que 5 ans. Devant moi, le corps sans vie de mes parents. Un vol qui avait mal tourné, d’après les policiers. Une vision cauchemardesque que jamais je ne pourrais oublier.
Alors j’ai fui. J’ai voulu fuir cette douleur si vive. Mais rien n’y fait. Les visages de mes parents s’estompent peu à peu de ma mémoire. Les traits du sourire chaleureux de ma mère s’effacent. La douceur du regard enfantin de mon père se fane… mais cette image macabre persiste. Elle me hante jour et nuit.
Alors j’ai fui. J’ai voulu fuir ce village qui m’avait vu grandir. Cet orphelinat sordide qui m’avait recueillie. J’ai dit adieu à toute cette pitié malsaine, aux messes basses, aux moqueries… mais les fantômes du passé sont tenaces. Ils me poursuivent, refusant de me laisser en paix.
Alors j’ai fui. J’ai troqué cette vie terne contre un voyage sans fin à travers les étoiles. Contre une aventure palpitante. Extraordinaire… Et rien de ce que j’ai pu vivre autrefois ne me manque. Pourtant, chaque matin, une douce nostalgie m’envahit.
Aujourd’hui, ma solitude ne m’a jamais paru aussi pernicieuse. Le silence me pèse. Seule, sur mon lit encore humide de mes cauchemars, j’observe cette planète que j’ai tant cherché à oublier. Je pense à cette réalité à laquelle j’ai tant souhaité me soustraire. Et mon cœur blessé se souvient alors de la joie et du bonheur que, gamine, j’éprouvais. De cet amour prodigieux dont il débordait avant que tout ne bascule…
Texte de L.S.Martins (20minutes chrono, sans relecture).
Image par Ajay kumar Singh de Pixabay : Planète Solitaire Étincelle – Photo gratuite sur Pixabay
D’après le texte de L.S.Martins du 4 novembre 2020 (10 minutes chrono, sans relecture).
Annie l’orpheline… Un sombre surnom qui m’a suivi jusqu’à mes 15 ans… Les enfants cruels de la cour de récré ne m’accordaient aucun répit. Mais après tout, comment leur en vouloir ? Ce n’était que la pénible vérité.
Lorsque je découvris les corps, sans vie, de mes parents, je n’avais que 4 ans. Cette vision cauchemardesque hante encore mes nuits. Bien qu’aujourd’hui, leurs visages s’effacent peu à peu. J’oublie, chaque jour un peu plus, le sourire chaleureux de ma mère, le regard enfantin de mon père… Et pourtant la douleur, elle, est toujours aussi vive.
Alors, il y a de cela plusieurs années, j’ai fui… Dans l’espoir insensé d’échapper à ces fantômes. J’ai quitté ce village qui m’avait vu grandir, cet orphelinat sordide qui m’avait recueillie… J’ai troqué une vie terne contre un voyage sans fin à travers les étoiles. Les regards de pitié malsaine, les messes basses, les moqueries… Rien de tout cela ne me manque. Et pourtant, une douce nostalgie m’envahit, chaque matin, lorsque cette parfaite illusion m’ouvre une fenêtre sur la Terre.
Aujourd’hui, ma solitude ne m’a jamais paru aussi pernicieuse. Un silence assourdissant bourdonne à mes oreilles. Seule, sur mon lit encore humide de mes cauchemars, j’observe cette planète que j’ai, jadis, abandonné. Je me revois, gamine, insouciante, jouant dans les feuilles mortes du grand chêne au fond de notre jardin… Bien avant ce jour sombre.