Main de zombie au clair de lune

Semaine Halloween : Histoire 6

Cette abominable sensation de suffoquer. Ce poids épouvantable sur ma poitrine. Ce goût immonde de terre dans la bouche… Les yeux ouverts et pourtant aveugle. Mon corps, engourdi, ne semblait pas enclin à m’obéir. Que s’était-il passé ? Pourquoi éprouvais-je l’impression effroyable d’avoir été enterré vivant ?

Mes derniers souvenirs ? Cette fièvre dévorante et une toux violente Et ce maudit prêtre, au pied de mon lit, psalmodiant ses incantations divines… Je leur avais pourtant dit que je ne voulais pas le voir. Que mon heure n’avait pas encore sonné et que je ne croyais pas à ces inepties de Paradis et d’Enfer. Mais non ! Il fallait sauver mon âme… La sauver de quoi ? J’ai vécu ma vie comme je l’entendais… Heureux, franc et fidèle à mes principes. Nombreux pensent que je suis un pécheur… Coupable de ne pas avoir les mêmes croyances… Coupable de ne pas honorer les mêmes Dieux… Eh oui, en un sens, je le suis. Mais où est le mal ?

Prisonnier de ces quatre planches, je cherchais désespérément un moyen de sortir. J’avais laissé des instructions pour libérer mon âme après la mort de mon corps physique… Tout était prévu. Bien sûr, aucun ne les avait respectées ! Non… Il ne faut surtout pas choquer cette populace ignorante et haineuse ! Mais alors, la coutume veut qu’une cloche soit installée dans le cercueil du défunt… Rien. Aucune chaîne. Aucune corde. Trop radins pour m’offrir de véritables obsèques ! Il ne me restait qu’une chose à faire : quitter clandestinement cette demeure quelque peu prématurée.

Durant des heures, peut-être des jours, je tapai, grattai, creusai. Mes ongles crasseux s’arrachèrent un à un… Mes doigts impatients saignaient, mais jamais je ne renonçai. Lorsque je sentis l’air frais sur ma main tremblante, un brusque sentiment de joie m’envahit. Le premier depuis longtemps ! J’étais enfin libre. La pluie battante me lavait de toute cette terre et cette puanteur. Ma peau blafarde reflétait les rayons de cette lune éclatante. Étais-je réellement mort ? Mon cœur ne battait plus… Alors pourquoi me tenais-je debout au milieu de ce cimetière désert ? Aucune stèle… Aucune croix… Seulement quatre planches dans un trou. Ni catholique… Ni païen. Qu’avaient-ils fait ? Me détestaient-ils au point de me condamner à une vie d’errance ? Peu importe… Une seule envie m’obnubilait à présent : manger de la chair fraîche !

Texte de L.S.Martins

Image d’illustration.rangizzz / Shutterstock

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