
Le globe d’acier
- Oh, le bleu… Tu m’entends ?
Aucune envie de lui répondre. Depuis l’affaire sur la bague terrestre, elle ne m’adressait plus la parole et m’évitait dès qu’elle le pouvait. Et pour la troisième fois, elle était partie sur le terrain sans moi… Me laissant Rex et Hax en pension !
- Moridan ! Putain ! cria Leila
- Quoi ? Madame est enfin décidée à me parler ? lui répondis-je.
- Arrête de jouer au con. J’ai un de ces globes d’acier aux trousses. Il se dirige droit sur la ville.
- Quoi ? Mais qu’est-ce que t’as foutu ?
- Je t’expliquerai plus tard… Monte sur les toits et canarde-le ! Direction Nord-Est. Tu peux pas le rater.
- Ok ! J’y vais. Restes en ligne.
Sans perdre une seconde, je sortis du bureau, attrapai un des snipers posés dans l’étagère, vérifiai qu’il était bien chargé et montai. Je ne pris même pas le temps d’informer les autres, ni d’attacher les deux molosses qui me suivirent dans mon ascension. Arrivé sur le toit, je me mis en position, cherchant ma cible.
Le globe était à quelques kilomètres de la ville. Gigantesque, comme dans mes souvenirs. Il roulait à vive allure malgré la vaste ouverture laissant apparaître son mécanisme… Il y avait de cela 20 ans déjà, plusieurs de ces engins étaient tombés sur Terre. Des centaines… Équipés de nombreuses armes, ils avaient décimé des populations entières avant d’exploser, ne laissant derrière eux que des cratères immenses et désertiques. Nous étions persuadés qu’il n’en restait aucun. Où était-elle encore allée ? Elle avait vraiment le chic pour m’entraîner dans les emmerdes !
- C’est bon, je te vois, soufflais-je.
- Tire alors ! T’attends quoi ? Un carton d’invitation ?
- Si je tire et que tu es trop près, tu vas finir en cendres !
- Eh bien, on sera enfin débarrassé l’un de l’autre ! De quoi tu te plains ? me cria Léila.
- Arrête tes conneries et mets les gaz ! Il faut que tu prennes de la distance avec ce monstre d’acier !
Aucune réponse. Elle avait coupé son oreillette. Super ! Quelle tête de mule ! Sa moto prenait de la vitesse, mais ce ne serait jamais suffisant. Et pourtant, je devais tirer… Je devais le faire exploser avant qu’il n’atteigne la ville. Après un dernier regard à ma coéquipière, je bloquai ma respiration, visai, et tirai dans le cœur de ce géant de fer.
L’explosion fut d’une telle violence ! Le sol trembla et quelques immeubles décrépits s’écroulèrent autour de moi. Le ciel s’était soudainement assombri, l’air était chargé d’une poussière suffocante. Des débris de métal volèrent telle une pluie meurtrière. Une véritable tempête de feu et de cendres…
- Joli tir, le bleu… toussa Léila.
Elle était encore en vie. À travers cet épais nuage noir, j’aperçus le phare de sa moto dans mon viseur. Elle rentrait en ville, comme si de rien n’était !
Texte de L.S.Martins
Image par Stefan Keller de Pixabay