
Laïla – Réécriture
– Je la retrouverai, je vous en fais la promesse !
Une promesse que je n’avais pu tenir. La promesse d’un père à un autre. La parole d’un flic à un homme meurtri. A l’époque, je n’étais qu’un gosse qui voulait bien faire. Qui voulait redonner un peu d’espoir à cette famille déchirée…
C’était ma première affaire dans le comté de Greenrow, une histoire vieille de trente ans déjà. Pourtant, je m’en souviens comme si c’était hier… cette fillette disparue sans laisser de traces le jour de son anniversaire. Elle voyageait seule et se rendait chez ses grands-parents pour les vacances. Tout portait à croire à un enlèvement : la porte du carrosse grande ouverte, ses bagages envolés et ce pauvre cocher, sauvagement mutilé agonisant dans son sang. Aucune trace de lutte.
Nous avions fouillé chaque centimètre carré de cette maudite forêt. Retourné chaque feuille. Missionné les meilleurs chiens de la région. Mais sans jamais rien trouver. Pas un indice pouvant nous mener à cette petite.
Des rumeurs couraient à l’époque. De vieilles histoires absurdes sur le châtelain du coin, un certain M. Dravic dont la folie meurtrière et la soif de sang faisaient trembler tous les villageois un peu simples d’esprit. D’après leurs dires, il hanterait les bois la nuit à la recherche d’une proie de choix : une jeune fille pure et innocente, une jeune fille comme Laïla. Je me suis toujours interdit de croire en ces inepties, mais peut-être avais-je commis une tragique erreur.
Le dossier de l’enquête traîne encore sur mon bureau. Je ne peux me résoudre à le classer. Alors, tous les ans à la même époque, je retourne sur les lieux de sa disparition dans l’espoir de trouver quelque chose… de l’apercevoir. Et tous les ans à la même époque, mon esprit, rongé par la culpabilité, me joue des tours, dessinant devant mes yeux la silhouette délicate de cette enfant au teint pâle et aux lèvres rouges. Elle semble m’attendre, posée, là…, mais lorsque je m’approche, elle disparaît dans un bruissement d’ailes. Elle s’envole rejoindre son maître.
Texte de L.S.Martins (20 minutes chrono, sans relecture).
Image par Stefan Keller de Pixabay : Fantaisie Fille Forêt – Photo gratuite sur Pixabay
D’après le texte de L.S.Martins du 23 octobre 2020 (10 minutes chrono, sans relecture).
– Je la retrouverai, je vous en fais la promesse !
Quelle belle connerie ! Promettre à un père que sa fille est en vie et qu’il pourra à nouveau la serrer dans ses bras… Ma première affaire dans le comté de Greenrow. Une enfant disparue, le jour de ses treize ans. Aucun indice, si ce n’est le cadavre sauvagement mutilé du jeune cocher et la porte du carrosse grande ouverte sur la forêt sombre.
Accompagnés des meilleurs chiens de la région, nous avons fouillé chaque centimètre carré, retourné chaque feuille, sans jamais la retrouver. À l’époque, je me refusais d’écouter les inepties de mon adjoint. D’après lui, le seul coupable était le propriétaire des lieux, un certain Mr Dravic. Son mobile ? Sa folie meurtrière et sa soif de sang. Il hanterait les bois, à la recherche de sa proie, une jeune fille pure et innocente.
Aujourd’hui, je ne suis plus si sûr de ce que je crois. Voilà quinze longues années que je me suis engagé auprès de cet homme accablé par le chagrin. Laïla… Tous les ans, à la même époque, incapable de faire le deuil, je retourne sur les lieux de sa disparition dans l’espoir de l’apercevoir. Mais je ne vois que cette petite fille au teint pâle et aux lèvres rouges… Irréelle… Magique… Paisible. Lorsque je m’approche d’elle, en murmurant son nom, elle ouvre les yeux et me sourit. Et, comme à chaque fois, j’arrive trop tard. Elle disparaît, sans un mot, dans un bruissement d’ailes.
Elle part rejoindre son maître.