
Une relique de mon passé
Le tracteur de mon grand-père. Véritable relique de mon passé. J’en ai passé des heures assis sur le garde-boue de sa roue immense. Juste à côté de papy, installé derrière le volant sur le fauteuil abîmé, écorché par des années de dur labeur.
Je me souviens de la fraîcheur du petit matin. De l’odeur délicieuse de la rosée. Du bruit du vent jouant dans les blés. De la caresse bienfaisante du soleil d’automne… Ce que j’aimais ces instants volés. Nos rires francs. Nos silences éloquents… Notre complicité me manque affreusement.
Depuis son décès, je n’avais osé revenir. Jusqu’à aujourd’hui. J’ignore ce qui m’a poussé ici. Ce qui m’a amené ici. Après tant d’années. La nostalgie de ma jeunesse, sans doute.
Les mains tremblantes, les yeux embués, je redécouvre ces lieux familiers. Cette antique baraque chargée d’histoire. La caravane de mes grands-parents. L’antique bicyclette bleue de ma mamie. Et la carcasse de vieille charrette… Rien n’a réellement changé. Enfin, presque. Le temps y a imprimé sa marque. Quelques traces de rouilles. Quelques tuiles brisées. Un plancher qui craque. Mais les odeurs demeurent les mêmes. Ce mélange d’herbe fraîche, d’huile de moteur et fruits sucrés. Toute mon enfance…
Je suis le dernier d’une longue lignée d’agriculteur. Le seul à avoir choisi une autre voie. Un autre avenir… Mon père n’a cessé de me répéter que tout était ma faute. Le départ précipité de mon grand-père, suivi de celui de ma grand-mère, quelques années plus tard. Que je lui avais brisé le cœur comme j’avais brisé le sien. Abandonnant nos terres. Laissant dépérir notre héritage. La fierté de notre famille.
Jusque-là, je n’avais pas compris ce qu’il avait voulu me dire. Mais à présent, maintenant que je foule ces lieux oubliés, je prends enfin conscience des conséquences de mes choix.
20 minutes chrono, sans relecture.
Texte de L.S.Martins.
Image par Thomas McSparron de Pixabay : Tracteur Vieille Antique – Photo gratuite sur Pixabay